« Transparence et redevabilité dans la gestion des ressources minières au Burkna Faso », c’est le thème d’un panel organisé le samedi 19 décembre 2020 par le comité régional anti-corruption du Nord (CRAC-Nord) dans le cadre de la célébration de la 15éme édition des journées nationales de refus contre la corruption. Le géologue à la retraite et militant actif du Mouvement Burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), Lassané Simporé a conduit les échanges sur l’exploitation minière et ses enjeux. Le premier porte-parole de la coalition FAMU de Houdé, Lanou Gnihanlo a donné un éclairage sur l’expérience de la gestion minière par les OSC de Houndé.

Les militants et sympathisants du CRAC-Nord ne se sont pas fait prier pour prendre part à ce panel tenu à la salle de conférences de l’Ecole nationale de la santé publique de Ouahigouya . Pillage des ressources minières par des sociétés étrangères avec la bénédiction de nos autorités, c’est en substance le fondement de l’analyse du géologue Lassané Simporé au cours de ce panel. Pour lui, l’article 14 de la constitution stipulant que les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple est un leurre au Burkina Faso. Il fait remarquer que toutes les sociétés qui exploitent les ressources minières au pays des hommes intègres sont venues de l’étranger et s’arrosent le droit de bafouer les droits des travailleurs. Elles en abusent au point qu’on s’étonne du silence des autorités, si ce n’est de la complicité, s’offusque le communicateur.

Les populations n’ont que leurs yeux pour pleurer
La conviction de cet ancien cadre du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB) est ferme. Les populations des zones d’exploitation des ressources minières ne béneficient pas de retombées substantielles. Pendant que les industries minières font traverser l’électricité pour alimenter leurs sièges, regrette-t-il, les populations des villages traversés croupissent dans le noir. Ces dernières n’ont que les yeux pour constater les impacts négatifs des exploitations telles que la pollution des eaux, la réduction et la dégradation des terres cultivables et de chasse etc. Seulement 1¨% des recettes liées à l’exploitation des mines d’or industrielles sont reversées aux communes abritant. Pire, les employés de nationalité Burkinabé alignés comme subalternes, sont dirigés par des cadres venus de l’étranger.
Refus de payer les fonds miniers

A en croire le communicateur, certaines sociétés minières refusent de payer le fonds minier et se permettent de poser des peaux de bananes aux autorités. Il s’est étalé longuement sur l’histoire du charbon fin avec la société minière Essakane. Une arnaque qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salives. Lassané Simporé a aussi cité l’enquête parlementaire diligentée par l’Assemblée nationale faisant état d’une perte de 41milliards 520 millions par l’Etat en 2015, sans oublier les spéculations dans l’octroi des permis d’exploitation. Face à l’incapacité de l’Etat à protéger les intérêts de la population, l’indécrottable défenseur des droits humains, Lassané Simporé préconise que les populations s’organisent pour défendre leurs droits.
Dans sa communication le premier porte –parole de la coalition FAMU a dressé l’état des lieux des ressources minières dans la zone de l’Ouest.
Le président du CRAC-Nord, Somgalian Sawadogo
L’exploitation de l’or, seconde activité à l’Ouest
Cette partie du Burkina, considérée comme le grenier du pays en termes de ressources alimentaires voit l’exploitation de l’or comme la deuxième activité qui mobilise une bonne partie de sa population. 7 mines industrielles à entendre cet acteur de la société civile exploitent l’or dans cette zone. L’arrivée des sociétés modernes d’exploitation a entaché un peu l’essor de l’orpaillage traditionnel, provoquant de nombreux conflits. Ceux qui tirent leur pitance de l’orpaillage traditionnel ne savent plus à quel sain se vouer.
FAMU, une structure avant-gardiste

L’exploitation de l’or prenant de l’ampleur, il va s’en dire que les terres cultivables se réduisent, toute chose constituant une menace pour le développement de l’agriculture. C’est pour donc éviter une catastrophe généralisée au fil du temps que les OSC de cette localité ont créé le FAMU (prise de conscience) en 2019. Une faitière mise en place pour défendre les intérêts des populations. Au Tuy, cette coalition d’OSC a imprimé sa marque par sa capacité à amener les sociétés d’exploitation à reculer face à certaines pratiques et à délier le cordon de la bourse pour des réalisations dans certains secteurs vitaux.
Inoussa Ouédraogo